(Oui, Arthur, Lancelot... Chut, je suis drôle.)
Il était 21h. D'habitude, Arthur était chez lui à cette heure-ci. Or, exceptionnellement, ce n’était pas le cas. Et vous savez pourtant a quel point le professeur est attaché à ses habitudes. L’excès de zèle avait eu raison de sa ponctualité, et la réunion qui aurait dû se terminer à 19h s'était éternisée. Il s'était donc contenté de pianoter un message sur son téléphone aux deux jeunes filles qui occupaient son domicile, tandis que le soleil artificiel embrassait l'horizon:
"La réunion n'est toujours pas terminée, désolé, mais je vais rentrer tard. Si vous avez faim, vous pouvez vous réchauffer les lasagnes qui sont dans le frigo. Attention demain, Mme Langton est à court de café."
Une pression sur un bouton et le message fut envoyé. Et, quelques longues minutes de délibérations, plus tard, il fut confronté à une triste réalité de la vie:
"En raison d'un problème technique, les trajets sur la voie 4 seront perturbés pour une durée indéterminée."
Son allié de toujours, son fidèle destrier des temps modernes l'avait trahi. Plus de tram. Il allait devoir compter sur le moyen de transport le plus fiable à sa disposition: la marche. Donc, il marcha. Et fort heureusement, il pouvait compter sur son sens de l'orientation. Il calcula rapidement un itinéraire le plus rapide possible, et entreprit de fendre le centre ville d'un pas déterminé. Détermination, qui fut bien vite ébranlée par le son d'une voix. Il s'agissait d'une voix féminine, provenant d'un sujet apparemment assez jeune. Une adolescente, ou une jeune adulte. Et surtout, elle avait l'air paniquée. Angoissée du moins.
"Ecoutez, laissez moi tranquille, je dois retourner travailler. Mais lâchez moi!"
A ce moment la, deux choix s'offraient à Arthur:
- Jouer les héros et aider une inconnue.
- Passer son chemin.
Bien évidemment, il choisit la première option. Il s'engouffra donc dans la ruelle d'où provenait la voix et eut un aperçu visuel des évènements:
Deux hommes d'à peu près une vingtaine d'années chacun se tenaient debout. Ils acculaient la jeune fille évoquée plus haut contre un bac à poubelles qui se trouvait dans la ruelle. Arthur s'approcha lentement de l'un d'entre eux, et, alors que son ami venait de remarquer sa présence, il donna un coup de pied peu puissant, mais précis à l'arrière du genou du premier voyou qui chuta aussitôt. Toujours à son rythme il s'approcha du second voyou. Ce dernier tenta de le frapper, mais le professeur parvint à croiser ses bras à temps pour stopper le poing dans sa trajectoire. Malgré la situation, sa voix était la voix calme et compréhensive d'un professeur modèle.
"Ecoutez, je ne veux pas me battre vraiment. Vous devriez partir."
Malgré son apparente apathie, l’inquiétude qu'il éprouvait pour la demoiselle, s'était porté sur sa propre personne. Il ne s'était jamais battu, et doutait quelque peu de ses capacités à affronter ces deux délinquants.